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14 mars 2018

Papillomavirus et cancer de la peau : son rôle déclencheur en pleine lumière

Le rôle oncogène des virus HPV de type bêta se précise : une action très précoce de deux protéines sensibilise les cellules infectées aux rayons UV.

Décidément, les papillomavirus humains ont un pouvoir de nuisance sans borne... Si les virus HPV16 et 18 sont responsables de 70 % des cas de cancers du col de l’utérus, les HPV de type bêta sont connus pour être liés aux cancers de la peau (hors mélanomes). Des travaux réalisés dans l’équipe de Massimo Tommasino, avec le soutien de la Fondation ARC, approfondissent la compréhension de ce lien.

Même si leur prise en charge est en général très efficace, assurant un bon pronostic dans la grande majorité des cas, les cancers cutanés (hors mélanomes) n’en sont pas moins un problème important de santé publique : ce sont les cancers les plus fréquents dans les populations caucasiennes et leur incidence augmente continuellement depuis des décennies, certainement à cause des habitudes d’exposition au soleil. Par ailleurs, s’ils ne sont pas détectés à temps, ces cancers restent des maladies potentiellement graves. De nombreuses données associent clairement la survenue de ces cancers à l’infection des patients par un papillomavirus humain (HPV) de type bêta, mais les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore totalement clairs. Une étude dirigée par Massimo Tommasino, du Centre international de recherche sur le cancer (le CIRC, à Lyon), soutenu par la Fondation ARC, donne de nouveaux éléments pour mieux comprendre le rôle de ces virus.

Les chercheurs français et allemands se sont penchés plus précisément sur l’action de deux protéines virales qui sont exprimées dans les cellules infectées. Des études précédentes auraient en effet suggéré un effet oncogène de ces protéines « E6 » et « E7 ». Pour décrypter leur action, les chercheurs ont utilisé un modèle d’étude in vivo permettant d’exprimer E6 et E7 de façon spécifique dans les cellules de l’épiderme, de façon transitoire. Lorsque les protéines étaient exprimées et que l’épiderme était exposé à une dose contrôlée d’UV, de nombreuses mutations s’accumulaient, leur quantité étant liée à la sévérité des lésions cutanées provoquées. Les chercheurs ont alors pu montrer que ces mutations touchaient en particulier certains gènes, les mêmes que ceux qui sont généralement touchés dans les cancers humains. Ces mutations étaient par ailleurs bien à l’origine de la transformation des cellules épidermiques en cellules cancéreuses. Enfin, l’arrêt de l’expression des protéines E6 et E7, après cette exposition aux UV et l’induction des mutations, n’avait aucun effet sur le développement ultérieur du cancer. Le mal était fait.

Grâce à leur modèle d’étude, les chercheurs sont donc parvenus à mettre en évidence l’action très précoce des virus HPV de type bêta, qui sensibilisent les cellules de la peau en facilitant l’accumulation de mutations dues aux UV. Ces virus se démarquent ainsi de leurs cousins de type alpha (HPV16 et 18, notamment) qui sont, eux, directement responsables de la transformation des cellules saines en cellules cancéreuses.


R.D.

 

Source : Viarisio, D. et al ; Beta HPV38 oncoproteins act with a hit-and-run mechanism in ultraviolet radiationinduced skin carcinogenesis in mice; PLOS Pathogens; 11 janvier 2018