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22 mai 2013

Mélanome de la peau : les thérapies ciblées avancent

Les progrès de la génétique accompagnent le développement de nouvelles thérapies dites ciblées, qui améliorent la prise en charge des patients atteints de mélanomes de la peau diagnostiqués à un stade avancé.

Avec près de 10 000 nouveaux cas diagnostiqués en 2011, le mélanome de la peau figure parmi les dix cancers les plus fréquents en France.

Il se distingue sur deux points : une fréquence importante chez les jeunes adultes, le mélanome cutané étant la tumeur la plus fréquente entre 25 et 35 ans, et une incidence en forte hausse depuis plusieurs décennies. Selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), le nombre de nouveaux cas a été multiplié par cinq depuis le début des années 1980. Il s'agit du cancer dont l'augmentation de l'incidence est la plus rapide en France.

La délicate prise en charge des mélanomes métastatiques

S'il n’est pas la forme la plus fréquente de cancers de la peau, le mélanome est la plus grave, en particulier en raison du risque important de développer des métastases. Alors qu'il est de bon pronostic quand il est diagnostiqué tôt, la situation s'avère plus préoccupante lorsque les cellules cancéreuses quittent les couches profondes de l'épiderme où elles apparaissent pour former ailleurs des tumeurs secondaires. Des métastases peuvent alors se développer dans un grand nombre de tissus (ganglions lymphatiques, poumon, foie, cerveau, etc.). L'apparition de foyers tumoraux secondaires complique le traitement, et le taux de survie à cinq ans passe ainsi de 88 % pour les stades localisés à 18 % pour les cancers métastatiques.

Aujourd'hui, le traitement privilégié pour la tumeur primaire est une résection chirurgicale, suivie dans certains cas d'un traitement par interféron alpha-2a (qui stimule le système immunitaire contre les cellules cancéreuses éventuellement encore présentes) et de l'ablation de ganglions lymphatiques (afin de limiter le risque de propagation des cellules cancéreuses). Mais la chirurgie s'avère plus difficile pour traiter les métastases disséminées dans l'organisme. Pour lutter contre ces cancers avancés, de nouvelles pistes ont émergé ces dernières années, notamment grâce à ce que les chercheurs appellent la stratification des patients. L'idée est d'adapter le traitement à chaque patient en développant un médicament s'attaquant de façon spécifique aux caractéristiques biologiques de la tumeur. Cette stratégie de stratification des patients – qui sont séparés en différents groupes (ou strates) – repose en particulier sur la détection des mutations génétiques présentes au sein des cellules cancéreuses.

Une nouvelle gamme de thérapies ciblées

À chaque mutation génétique est associé un désordre moléculaire qui constitue une cible potentielle pour un nouveau traitement. Le vémurafenib est la première molécule de thérapie ciblée à avoir été autorisée en France pour le traitement des mélanomes métastatiques et non opérables. Disponible depuis février 2012, elle est prescrite aux seuls patients présentant une mutation de l'oncogène BRAF. Cette mutation, présente chez environ 50 % des patients développant des métastases, entraîne une modification délétère de l'activité de la protéine B-raf qui favorise la prolifération anormale des cellules cancéreuses ; son action peut être bloquée indirectement par le vémurafenib. Ce traitement oral a permis d'augmenter la survie sans progression par rapport au traitement standard, d'après l'étude de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ayant autorisé la thérapie ciblée en France. Toutefois, des résistances paraissent se mettre en place après quelques mois de traitement, limitant son efficacité à plus long terme.

Pour tenter d'améliorer les résultats obtenus avec le vémurafenib, des chercheurs ont développé un autre inhibiteur de la protéine B-raf, le dabrafenib. Cette nouvelle thérapie ciblée, destinée au même groupe de patients présentant une mutation du gène BRAF, a donné récemment des résultats prometteurs contre les métastases cérébrales, d'après les conclusions d'un essai clinique précoce1.

Toujours dans cette logique de stratification, un autre groupe de patients présentant une mutation sur le gène NRAS (cela concernerait environ un patient sur quatre), pourrait également bénéficier d'une thérapie ciblée. Une équipe américaine a développé une nouvelle approche thérapeutique : au lieu de chercher à inhiber directement l'action de la protéine N-ras, ils ont associé deux molécules inhibant chacune une protéine distincte impliquée dans le métabolisme de la cellule cancéreuse. Les premiers résultats de leur essai clinique, parus il y a un an2, indiquent qu'en étant combinées, les deux molécules stoppent la croissance tumorale, l'effet étant bien moins important lorsque chaque molécule est utilisée séparément. Cette synergie entre les deux inhibiteurs pourrait constituer une option thérapeutique efficace pour ces patients qui ne bénéficient aujourd'hui d'aucune thérapie ciblée.

Un programme de recherche pour faire avancer les traitements

Face à l'essor de ces nouvelles thérapies, et au phénomène de résistances qui peuvent apparaître, il est important de mieux suivre, voire de prédire la réponse de chaque patient afin d'adapter au mieux le traitement. Dans cette optique, la Fondation ARC finance notamment l'équipe de Stéphanie Pitre-Champagnat, à l'Institut Gustave Roussy (Villejuif) qui travaille sur une technique d'imagerie basée sur l'échographie. L'objectif est d'améliorer la visualisation des vaisseaux sanguins irriguant le mélanome afin d'évaluer de façon plus fine l'effet des thérapies ciblées sur ce réseau de vaisseaux. Il s'agit de l'un des 49 nouveaux projets consacrés aux mélanomes cutanés qui ont reçu en 2012 le soutien de la Fondation ARC, pour un montant global de plus de 3,4 millions d’euros.

Le développement de thérapies innovantes, visant à lutter contre les résistances développées contre les traitements actuels, est par ailleurs l'un des enjeux majeurs du Programme d'actions intégrées de recherche (PAIR), impulsé en 2013 par l'Institut national du cancer en partenariat avec la Ligue nationale contre le cancer et la Fondation ARC. Ce programme, consacré cette année aux mélanomes cutanés, vise à mobiliser toutes les composantes de la recherche, de l’épidémiologie à la prévention, au diagnostic précoce jusqu'à la prise en charge des patients en passant par les sciences humaines et sociales. Les projets retenus ainsi que le montant des subventions accordées par la Fondation ARC seront connus au mois de juillet, à l'issue d'un processus de sélection placé sous l’expertise d'un comité d'évaluation scientifique international.

30 mai : Journée de dépistage et de prévention

Comme chaque année, le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV) organise une journée de sensibilisation pour inciter les Français à prendre soin de leur peau. Partout en France, des centres de dépistage gratuit seront mis en place, ainsi qu'un système original de télé-consultation pour les départements en manque de dermatologues. Les coordonnées des centres de dépistage sont accessibles sur le site du Syndicat des Dermatologues www.dermatos.fr ou en appelant le numéro vert 0800 11 2013 (appel gratuit depuis un poste fixe). À signaler également l’application « SoleilRisk », disponible gratuitement au téléchargement pour smartphones et tablettes.

La Haute autorité de santé recommande un auto-examen tous les 3 mois et une consultation annuelle par le dermatologue chez certaines personnes présentant un risque plus élevé de développer un cancer de la peau. Pour en savoir plus sur les facteurs de risque, consultez notre dossier.


G.F.

1 G.S. Falchook et al. Dabrafenib in patients with melanoma, untreated brain metastases, and other solid tumours: a phase 1 dose-escalation trial. The Lancet. 2012 : 379(9829) : 1893–1901.
2 L.N. Kwong et al. Oncogenic NRAS signaling differentially regulates survival and proliferation in melanoma. Nature Medicine. 2012 ; 18(10) : 1503–10.