Les résultats très positifs d’un essai clinique laissent penser que le traitement par radiothérapie des sarcomes des tissus mous pourrait bénéficier de l’effet amplificateur de certaines nanoparticules.
La prise en charge des sarcomes des tissus mous localisés repose en premier lieu sur la chirurgie.
Des études ont par ailleurs montré qu’un traitement de radiothérapie réalisé avant l’opération pouvait faciliter celle-ci, en réduisant le volume tumoral et donc les potentielles séquelles de l’opération. Mais cette approche souffre des limites de la radiothérapie : l’irradiation non souhaitée des organes situés à proximité de la zone tumorale… Selon les résultats d’un essai clinique de phase I, des nanoparticules conçues pour optimiser l’effet de la radiothérapie pourraient bien estomper ces limites.
Ces nanoparticules sont constituées d’un cœur d’oxyde d’hafnium (un élément chimique qui fait partie des « métaux de transition », comme le zirconium ou le titane, par exemple) et « emballées » dans un manteau conçu pour qu’elles soient préférentiellement absorbées par les cellules cancéreuses. Lorsqu’elles sont exposées aux rayons lors des séances de radiothérapie, elles démultiplient la production des particules qui, au sein des cellules, ont l’effet toxique attendu. De cette façon, il est possible d’envisager une irradiation modérée de la zone – ce qui épargne les tissus sains environnants – tout en ayant un effet fort au niveau tumoral.
Dans l’essai clinique dirigé par Sylvie Bonvalot, chirurgienne à l’Institut Curie, une vingtaine de patients a donc été recrutée et chacun a reçu une dose de nanoparticules, injectée au cœur de la tumeur, 24 heures avant le début des séances de radiothérapie. Un suivi strict a permis de vérifier que la diffusion des nanoparticules était bien circonscrite à la zone tumorale (elles sont très facilement visibles au scanner) et que les tissus sains bordant la tumeur ne subissaient pas d’effets amplifiés de la radiothérapie. D’après les investigateurs, l’approche s’avère parfaitement faisable en routine et la dose optimale a été identifiée, n’étant à l’origine que d’effets secondaires restreints et réversibles. Précisant qu’il ne s’agissait pas de l’objectif de l’étude, les chercheurs ajoutent aussi que la technique semble apporter un bénéfice clinique important, le volume des tumeurs opérées ayant drastiquement réduit grâce à cette optimisation de la radiothérapie. Pour estimer plus rigoureusement ce bénéfice, un grand essai de phase III a déjà été initié.
R.D.
Source : Bonvalot, S. et al ; First Human Study Testing a New Radio Enhancer Using Nanoparticles (NBTXR3) Activated by Radiation Therapy in Patients with Locally Advanced Soft Tissue Sarcomas; Clinical Cancer Research; Octobre 2016