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16 novembre 2020

Cancer du sein : le diable est dans les détails (du système immunitaire)

Des travaux soutenus par la Fondation ARC ont permis la description précise de mécanismes qui expliquent comment les cancers du sein échappent aux défenses immunitaires.

Les immunothérapies développées récemment restent impuissantes face à la grande majorité des cancers du sein. Nature des cellules cancéreuses ? Absence de ressources immunitaires à stimuler localement ? Aujourd’hui seuls quelques travaux ont commencé à éclairer cette apparente résistance des tumeurs mammaires et permettent de faire un premier constat : le pronostic des patientes est statistiquement moins bon lorsque certaines cellules immunitaires, des lymphocytes T dits « régulateurs », s’infiltrent dans la tumeur. Ces lymphocytes Treg jouent un rôle crucial dans notre système immunitaire : ils le calment pour que les réactions ne s’emballent pas. Mais lorsqu’ils sont mobilisés dans une tumeur, ce sont les défenses anti-tumorales qu’ils réduisent au silence. Pour mieux comprendre comment ces cellules sont activées, des chercheurs de l’Institut Curie, à Paris, avec le soutien de la Fondation ARC, ont mené une enquête approfondie.

Pour les lymphocytes Treg - comme pour toute cellule immunitaire - les ganglions lymphatiques sont des lieux importants : ils y perçoivent des messages provenant des organes irrigués, ils y rencontrent d’autres cellules immunitaires, ils peuvent eux-mêmes émettre divers signaux chimiques… Or ces ganglions s’avèrent aussi être, en général, le premier site de dissémination métastatique des cancers du sein. Pour comprendre le « comportement » du système immunitaire, et plus particulièrement des lymphocytes Treg, lorsqu’il fait face à un cancer du sein, les équipes parisiennes ont entrepris de comparer les lymphocytes qu’ils trouvaient (i) dans les tumeurs, (ii) dans les ganglions lymphatiques envahis de cellules métastatiques et (iii) dans d’autres ganglions, indemnes.

Plus précisément, les chercheurs ont analysé les gènes exprimés par les différentes cellules récoltées dans les trois sites. Cette exploration a révélé la présence de divers « sous-populations » au sein des lymphocytes Treg ou des lymphocytes T « conventionnels », dont certains sont susceptibles de mener une attaque contre les cellules cancéreuses. Dans cette multiplicité d’acteurs, les chercheurs ont pu décrypter des relations fonctionnelles impliquées dans l’activation des cellules T régulatrices et le maintien d’un faible niveau de défense. Ainsi, si des lymphocytes T conventionnels étaient bien présents et opérationnels dans les ganglions indemnes, ils étaient dysfonctionnels dans les tumeurs, une perte de compétence qui pourrait être due à l’action des sous-populations spécifiques de lymphocytes Treg qui prolifèrent dans les ganglions envahis de cellules métastatiques.

Enfin, plusieurs « signatures » moléculaires ont été identifiées et associées au contexte immunitaire des patientes, en lien avec leur évolution clinique. L’expression de la protéine CD80, notamment, par les lymphocytes Treg, était associée à un moins bon pronostic. Pour les chercheurs, ces signatures pourraient en outre constituer des cibles à envisager pour développer de nouvelles stratégies d’immunothérapies contre ces cancers.


R.D.

Source : Gonzalo Núñez, N. et al; Tumor invasion in draining lymph nodes is associated with Treg accumulation in breast cancer patients; Nature Communications; juin 2020