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29 mai 2020

Myélome multiple : chronique moléculaire d’une dérive immunitaire

Une exploration moléculaire détaillée des cellules de la moelle osseuse a mis en lumière des étapes clés de l’évolution de la maladie, depuis des formes très légères au développement d’un myélome multiple, cancer encore incurable à ce jour.

Les myélomes multiples, qui touchent les cellules immunitaires qui se développent normalement dans la moelle osseuse, évoluent à partir de formes précurseurs de sévérité croissante : la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS selon l’acronyme anglais) puis le myélome multiple indolent (MMI), dont certaines formes sont à risque plus élevé d’évoluer en un myélome multiple agressif (MM). On sait aujourd’hui que certaines formes de ces maladies ne comportent qu’un risque faible d’évolution cancéreuse (15 % de risque à 5 ans pour les patients atteints d’un MMI et 2 % à 20 ans pour les patients atteints d’un MGUS). A contrario, les formes à haut risque évoluent en myélome multiple cancéreux dans 27 et 70 % des cas, respectivement. Pour les médecins, parvenir à déceler les premiers signes d’agressivité et d’évolution est primordial. A cette fin, des chercheurs et des médecins américains* ont mené une exploration approfondie au cœur du système immunitaire qui se développe dans la moelle osseuse de patients touchés par un MGUS, un MMI ou un MM, ainsi que chez des personnes ne souffrant d’aucune de ces pathologies.

Leur travail de fourmi a permis d’analyser l’ensemble des gènes exprimés dans des milliers de cellules considérées unes à unes : expression de récepteurs à tel ou tel signal dans les telle ou telle population de lymphocytes, accumulation de cellules exprimant des marqueurs d’une activité modératrice des réponses immunitaires… Dès le stade MGUS, de nombreux bouleversements étaient observés et certaines étapes clés ont pu être mises en exergue lors de l’évolution en MMI puis, enfin, quand émerge la maladie cancéreuse à proprement parler.

En l’occurrence, la perte, par certains lymphocytes, de la capacité à présenter des antigènes (l’exposition d’échantillons cellulaires qui permet aux cellules de montrer si elles sont saines ou anormales) semblait être un événement décisif. Il entraînait notamment la multiplication de lymphocytes T dits « suppressifs », c’est-à-dire limitant les réactions immunitaires. Un autre « détail » a aussi attiré l’attention des chercheurs : l’activation importante de signaux portés par les interférons (des molécules importantes de la communication entre cellules immunitaires) dans les MMI à haut risque. Dans l’ensemble, ces données extrêmement précises, mais obtenues à grande échelle et dont certaines ont pu être validées in vivo, ouvrent des perspectives pour mieux surveiller l’évolution des patients atteints de maladies bénignes qui pourraient devenir pré-cancéreuses ou cancéreuses. Elles permettent aussi, en outre, d’envisager des stratégies thérapeutiques pour interférer avec cette évolution.


* Salomon Manier, co-auteur de cette étude, est actuellement soutenu par la Fondation ARC. Il dirige une équipe à Lille et travaille sur les mécanismes métaboliques des cellules de myélomes multiples. En savoir plus

R. D.

Source : Zavidij, O. et al; Single-cell RNA sequencing reveals compromised immune microenvironment in precursor stages of multiple myeloma; Nature Cancer; 27 avril 2020.