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03 août 2017

Cancer du sein : quand un récepteur hormonal se perd

Les récepteurs aux œstrogènes sont liés au développement d’une grande majorité des cancers du sein. Mais de nouveaux résultats semblent indiquer que leur implication dépasse largement la stimulation directe des cellules cancéreuses.

Toutes les tumeurs solides se développent dans un microenvironnement constitué de divers types de cellules. Même si leur fonctionnement est très souvent dévoyé par la tumeur voisine, ces cellules du microenvironnement tumoral ne sont pas cancéreuses. Peut-on dire qu’elles soient saines pour autant ?

L’affirmation est souvent bien hasardeuse tant le rôle du microenvironnement semble crucial pour le développement tumoral. Des travaux menés par des chercheurs italiens et suisses brouillent encore un peu plus les limites, en montrant que le comportement de certaines cellules présentes autour de tumeurs mammaires est lié à une mutation de leur propre patrimoine génétique et n’est donc pas seulement dicté par les cellules cancéreuses voisines.

Leur découverte découle d’une observation, réalisée la première fois en 2010 chez une patiente atteinte d’un cancer du sein. Dans certaines cellules du microenvironnement tumoral – des fibroblastes, pour être précis (des « CAF ») – un récepteur aux œstrogènes semblait ne pas être à sa place habituelle. Normalement exposé à la surface des cellules, il était accumulé dans leur noyau, où se trouve l’ADN, support du patrimoine génétique. Des travaux avaient alors montré que ce récepteur délocalisé interagissait avec certaines parties de l’ADN et stimulait ainsi l’expression de gènes impliqués dans le développement de la tumeur voisine. Grâce à l’étude publiée dernièrement, on en sait plus sur les causes de cette délocalisation et sur les conséquences qui en découlent.

L’examen moléculaire des récepteurs délocalisés a en effet montré qu’ils portaient une anomalie ponctuelle, due à une mutation du gène qui dicte leur production. Selon les résultats des chercheurs, cette anomalie induit une erreur d’adressage de la protéine : une fois le récepteur produit, il n’est pas envoyé à la surface des CAF mais dans leur noyau. Là, les chercheurs ont montré qu’il induisait la production de molécules secrétées localement et dont l’effet était de stimuler la migration des cellules cancéreuses, donc leur agressivité.

Cette anomalie génétique, présente dans des cellules du microenvironnement tumoral, serait en fait relativement fréquente dans la population générale. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une cause du cancer, mais elle pourrait constituer un facteur de risque chez certaines personnes. Par ailleurs, les résultats obtenus permettent de considérer les mécanismes d’adressage de ce récepteur aux œstrogènes comme des pistes thérapeutiques à explorer.


R. D.

Source : Pupo, M. et al ; A genetic polymorphism repurposes the G-protein coupled and membrane-associated estrogen receptor GPER to a transcription factor-like molecule promoting paracrine signaling between stroma and breast carcinoma cells; Oncotarget, Mai 2017