Projet soutenu
En France, plus de 50 000 femmes reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année. Parmi elles, environ 20 % ont moins de 50 ans, la proportion de femmes qui sont encore actives professionnellement est donc très importante parmi les patientes et anciennes patientes. Or les cancers du sein et leurs traitements imposent souvent un arrêt ou, a minima, un aménagement, de l’activité professionnelle. Outre le fait que cet impact de la maladie peut être vécu, en soi, comme une baisse de qualité de vie, il implique aussi souvent une diminution des revenus. L’étude VICAN5, réalisée auprès de patients touchés par différents cancers, révèle ainsi qu’une personne sur cinq n’est plus en emploi cinq ans après avoir reçu un diagnostic de cancer entre 18 et 54 ans. Pour comprendre l’origine des difficultés, il est indispensable de s’intéresser aux trajectoires individuelles, de considérer non pas l’ensemble des patients atteints de cancer mais d’identifier les épreuves que rencontrent les patients en fonction de la maladie qu’ils ont (eu) à combattre et des séquelles qu’ils en gardent, tant sur le plan physique que psychologique, en fonction de leur environnement social, familial ou, bien-sûr, professionnel… C’est dans cette optique que Gwenn Menvielle, docteure en santé publique et épidémiologie, Agnès Dumas, docteure en sociologie spécialiste des questions d’insertion professionnelle, et Inès Vaz-Luis, oncologue médicale ont conçu et mis en œuvre l’étude CANTO-WORK, basée sur l’analyse de la grande cohorte CANTO, qui rassemble plus de 12 000 femmes traitées pour un cancer du sein.
Grâce à cette cohorte, les chercheuses disposent de données très précises sur la tumeur, les traitements reçus, les séquelles de la maladie, la situation socioéconomique, la situation familiale, les conditions de travail avant et après le retour au travail, et les raisons du retour au travail. Des marqueurs génétiques et biologiques sont aussi collectés. Toutes ces données sont recueillies au diagnostic, à la fin des traitements puis 12, 36 et 60 mois après la fin des traitements. Des entretiens sont aussi réalisés auprès de patientes et de cliniciens pour mieux appréhender les raisons du faible recours observé aux outils déjà existants qui permettent de réduire les séquelles de la maladie en vue de faciliter un retour au travail (interventions comportementales et psychosociales).
En permettant de confronter toutes ces données, l’étude CANTO-WORK devrait aider à comprendre l’origine et les conséquences – sur le retour au travail – de certaines séquelles, comme la fatigue, par exemple, si souvent rapportée chez les patientes, même plusieurs années après les traitements.
Enfin, le but ultime de l’étude est de concevoir une intervention, dès la prise en charge initiale des patientes, visant à réduire les séquelles physiques, cognitives et psychologiques du cancer du sein et à améliorer le retour au travail des femmes qui le souhaitent.
Gwenn Menvielle, docteure en santé publique et épidémiologie au sein de l’équipe de recherche en épidémiologie sociale (ERES-IPLESP, Paris), coordonne l’étude CANTO-WORK, qu’elle a conçue avec Agnès Dumas, docteure en sociologie (Gustave Roussy, Villejuif) et Inès Vaz-Luis, oncologue médicale (Gustave Roussy, Villejuif). Leurs trois expertises complémentaires permettront d’appréhender la question le plus largement possible et d’ouvrir des pistes concrètes pertinentes. Des biostatisticiens, des bioinformaticiens et des data-managers prendront aussi part au projet pour traiter l’ensemble des données générées.
En 2017, nous avons choisi de soutenir le projet porté par Gwenn Menvielle pour une durée de trois ans, à hauteur de 369 500 euros.
R. D.