Projet soutenu
Les thérapies ciblées ont bouleversé la prise en charge de certains cancers du sein. Pour les tumeurs surexprimant le récepteur du facteur de croissance épidermique humain de type 2 (HER2) – appelées tumeurs HER2+ ou HER2 positif – et qui représentent environ 15 % des cancers du sein, une thérapie ciblée (le trastuzumab) présente une bonne efficacité chez de nombreuses femmes. Néanmoins, certaines patientes ne répondent pas à ce traitement ou rechutent. Des solutions thérapeutiques complémentaires sont donc nécessaires. C’est pourquoi Fabien Alpy et des membres de l’équipe de biologie moléculaire et cellulaire des cancers du sein à l’IGBMC près de Strasbourg, souhaitent concevoir une nouvelle approche thérapeutique.
Le début de leurs travaux remonte à 1995 : en comparant les niveaux d’expression de gènes entre des tumeurs malignes et bégnines du sein, l’équipe avait identifié une dizaine de gènes possiblement associés au processus pathologique. L’un d’eux, STARD3, est très fortement surexprimé dans 98 % des tumeurs HER2+. Les chercheurs ont supposé que ces cellules malades devaient avoir besoin d’un excès de protéine STARD3 pour accomplir leur programme tumoral et veulent aujourd’hui valider cette hypothèse.
L’équipe a décrit la fonction de la protéine STARD3. À l’état normal, elle sert de transporteur de cholestérol à l’intérieur des cellules. L’équipe veut maintenant comprendre l’impact de l’excès de STARD3 sur le transport du cholestérol dans les cellules cancéreuses HER2+. L’objectif est de déterminer si STARD3 peut être un talon d’Achille des cellules HER2+ et l’exploiter comme cible thérapeutique.
Pour la première partie du projet, l’équipe travaillera avec des modèles cellulaires de cancer du sein HER2+ dans lesquels elle inactivera le gène STARD3 pour observer les conséquences sur le transport du cholestérol et la structure des membranes. Des outils permettent de visualiser et de tracer le cholestérol dans les membranes et d’analyser la morphologie de ces dernières. Un second aspect du projet sera d’identifier des inhibiteurs de STARD3. Pour cela, l’équipe passera au crible des molécules chimiques issues d’une banque détenue à Strasbourg.
Fabien Alpy est chargé de recherche INSERM dans le laboratoire de biologie moléculaire et cellulaire des cancers du sein, dirigé par Catherine Tomasetto à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) à Illkirch. Au sein du laboratoire, il a développé un projet de recherche indépendant qui concerne le rôle normal et pathologique des interactions qui s’établissent entre les différents compartiments cellulaires. Pour ce projet focalisé sur STARD3, il travaille avec trois doctorants et un technicien. Il collabore, par ailleurs, avec la Plate-forme de chimie biologique intégrative de Strasbourg (PCBiS, dirigée par Pascal Villa) et fait appel à l’expertise de l’équipe de Guillaume Drin à Nice sur le transport du cholestérol.
Nous soutenons ce projet pour deux ans à hauteur de 50 000 euros.
A. R.