Projet soutenu
La mortalité par cancer reste la principale cause de décès lié à la maladie chez les enfants et les adolescents âgés de 1 à 19 ans. Afin de savoir s’il est pertinent de proposer des thérapies ciblées innovantes développées chez l’adulte à de jeunes patients en fonction des anomalies moléculaires présentes dans leur tumeur, un programme AcSé-ESMART a été lancé en 2016. Des enfants, adolescents ou jeunes adultes atteints de tous types de cancers réfractaires au traitement ou en rechute, sont recrutés dans une vingtaine de centres en Europe, dont les 10 centres des Centres Labellisés de Phase Précoces pédiatriques (CLIP2) en France. Leur tumeur est caractérisée sur le plan moléculaire par séquençage du génome et analyse transcriptomique (révélateur du niveau d’expression de chaque gène), le plus souvent effectués jusqu’en 2020 dans l’étude MAPPYACTS, aussi soutenue par la Fondation ARC, et depuis juin 2020 dans le contexte de France Médecine Génomique 2025. Si une anomalie d’intérêt est identifiée, le jeune patient peut rentrer dans un bras évaluant une thérapie ciblant cette anomalie particulière.
Dans le cadre de ce projet, le Dr Emilie de Carli, onco-pédiatre au CHU d’Angers, propose d’explorer l’association d’un inhibiteur de c-Met (Capmatinib) avec un inhibiteur de mTOR (Everolimus). Le premier est en développement chez l’adulte dans le cancer du poumon et le second est indiqué dans le cancer du rein et le cancer du sein, également chez l’adulte. En étudiant la littérature et les données précliniques disponibles sur les cancers pédiatriques, elle a constaté que l’activation anormale de la protéine c-MET joue un rôle dans la formation de plusieurs cancers pédiatriques, favorise l’apparition de métastases et est associée à un mauvais pronostic. Elle mène en outre à l’activation d’une autre protéine, appelée m-TOR, également considérée comme une protéine activatrice de la prolifération et de la survie des cellules cancéreuses. C’est pourquoi elle propose d’associer ces deux thérapies ciblées. Les patients inclus devront présenter au moins une anomalie au niveau de la voie de signalisation de c-MET. Ils recevront ensuite l’association thérapeutique quotidiennement sous forme de comprimés oraux.
Il s’agit d’un essai de phase I/II destiné à évaluer la sécurité d’utilisation et l’efficacité de cette association. Dans un premier temps, une dizaine de patients seront inclus dans ce nouveau bras. Les doses de médicament administrées seront directement celles étant connues comme efficaces chez l’adulte, ramenées à la surface corporelle de l’enfant. En cas de mauvaise tolérance, elles seront réduites. Le traitement sera poursuivi autant de temps que l’enfant en tirera un bénéfice et le souhaitera, sauf en en cas d’intolérance. En fonction de ces résultats, la phase II pourrait être déployée chez davantage de patients.
Le Dr Emilie De Carli, médecin pédiatre dans l’unité d’onco-hémato-immunologie pédiatrique au CHU d’Angers, est à l’initiative de l’ouverture de ce nouveau bras dans le cadre du projet AcSé-ESMART, en réponse à un appel à projets lancé par l’Institut national du cancer en partenariat avec l’industrie pharmaceutique Novartis qui met à disposition le Capmatinib et l’Everolimus. Le CHU d’Angers est un centre investigateur spécialisé dans les essais précoces de nouveaux médicaments. Il appartient au CLIP²-ILIAD dont la partie pédiatrique est coordonnée par le Pr Isabelle Pellier, oncopédiatre. Le recrutement des patients inclus dans AcSé-ESMART dont ceux qui rentreront dans ce bras, se fait dans les centres européens participants à l’essai AcSé-ESMART et ces personnes sont suivies par les investigateurs de l’essai.
Nous soutenons ce projet à hauteur de 189 445 euros sur 60 mois. Ce soutien s’inscrit dans le cadre de notre partenariat avec l’INCa sur les essais cliniques menés dans les CLIP² visant à améliorer l’accès des patients atteints de cancer en France à des molécules thérapeutiques innovantes dans le cadre d’essais cliniques de phase précoce.