Le Pr Vernant fait ses propositions pour le 3e Plan cancer

Le rapport fixe trois objectifs principaux : la réduction effective des inégalités de santé, l'adaptation du système de santé et de son financement (avec notamment un rôle accru des médecins traitants dans le parcours de soins) et la simplification de l’organisation existante.

Pour atteindre ces objectifs, le rapport propose d'articuler le prochain Plan cancer autour de cinq axes thématiques, dont le premier est consacré à la thématique de la prévention et du dépistage, enjeu majeur de la réduction des inégalités face à la maladie et sur lequel la Fondation ARC s'est engagé dès février 2013. Ainsi, pour le rapporteur, « la politique de lutte contre le tabac conduite en France depuis 2004 est un échec. L’effet a été même contraire à celui attendu pour les catégories sociales défavorisées qui ont augmenté leur consommation durant les dernières années. » Il recommande de repenser la politique anti-tabac : il faudrait notamment « stopper la politique de stigmatisation des fumeurs qui a démontré son inefficacité en particulier auprès des populations les plus vulnérables », et plus précisément instaurer les paquets « neutres » (c'est-à-dire sans logo ni couleur distinctive) « dans les 2 ans » ou encore le remboursement à 100 % des substituts nicotiniques pour trois essais d’arrêt.

Les mesures de prévention préconisées concernent également la protection vaccinale contre l'hépatite B (facteur de risque de cancer du foie) et les HPV (pour les cancers du col de l'utérus). Le rapport présente des objectifs en terme de couverture vaccinale d'ici 5 ans : 70 % de nourrissons vaccinés contre l’hépatite B et au moins 50 % de jeunes filles vaccinées contre les HPV.

Dans le domaine du dépistage, le Pr Vernant note les progrès permis par les premiers Plans cancer mais également les limites des dispositifs mis en place, alors que la participation aux dépistages organisés des cancers du sein et des cancers colorectaux n'atteint pas les objectifs fixés en 2009. Le rapport propose notamment une réorganisation de ces dépistages organisés en octroyant au niveau local un plus grand rôle aux associations, en lien avec les médecins traitants et les spécialistes concernés. Le rapport rappelle néanmoins qu'il convient de renforcer le rôle moteur de l'Institut national du cancer (INCa) dans le pilotage national du prochain Plan cancer.

Second axe thématique du rapport : l'organisation de la recherche en cancérologie. Les efforts doivent se poursuivre selon le Pr Vernant, notamment dans le domaine des essais cliniques. Le rapport appelle à soutenir en particulier les Centres Labellisés INCa de Phase Précoce (CLIP²) existants et à poursuivre le programme AcSé, deux projets pour lesquels la Fondation ARC est partenaire au côté de l'INCa (pour en savoir plus sur les CLIP² et sur le programme AcSé).

Sont également abordés parmi les axes thématiques la question des métiers de la cancérologie et de leur formation, ainsi que l'évolution du parcours de soins et la question de la vie pendant et après le cancer. À ce sujet, le Pr Vernant souligne que l'évolution de la prise en charge (avec le développement des hospitalisations de courte durée et l'implication accrue des médecins traitants) et le développement de nouvelles thérapies et technologies d'imagerie nécessitera d'adapter le système de santé et son financement. Toutefois, il prévient qu'« il conviendra de prendre garde que les innovations thérapeutiques ne soient pas l’occasion d’accentuer les inégalités sociales et territoriales déjà trop importantes » et propose par exemple d'« imposer dans les secteurs libéraux et publics l’absence de reste à charge pour les patients atteints de cancer dans les domaines de l’imagerie, de la biologie, de la médecine et de la chirurgie pour la prévention (mammectomies prophylactiques) le dépistage et les traitements du cancer et de l’après-cancer ».

G.F.