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26 mai 2015

Arrêter le tabac après un diagnostic de cancer, une priorité

La prévention du tabagisme chez les patients atteints de cancer est une priorité : risque de nouveau cancer ou de récidive, augmentation des effets indésirables des traitements… Les preuves s’accumulent et appellent une réaction forte pour que ces patients soient mieux accompagnés vers le sevrage.

Depuis plusieurs années, les chercheurs et les médecins se penchent sur l’impact du tabagisme chez les patients atteints de cancer. Leurs travaux montrent que les effets néfastes du tabagisme concernent de multiples aspects de sa prise en charge.

Une perte de chance face à la maladie

Le tabagisme étant un facteur de risque majeur de cancer, les patients atteints par la maladie et qui continuent à fumer aggravent le risque de déclarer un second cancer, potentiellement différent de celui pour lequel ils sont déjà traités. Si l’affirmation parait évidente, elle mérite tout de même d’être rappelée d’autant que, dans certaines situations, les risques liés au tabagisme sont accentués par les traitements anticancéreux. Par exemple, les fumeuses traitées par radiothérapie pour un cancer du sein sont bien plus à risque de développer un cancer du poumon radio-induit1 que les patientes non-fumeuses : en effet, la radiothérapie et la consommation tabagique potentialisent leurs effets cancérigènes respectifs sur le poumon.

La consommation de tabac est aussi un facteur majeur de récidive. Il est probable que ce risque soit lié à une réduction de l’efficacité de nombreux traitements chez les patients fumeurs. L’impact du tabagisme sur le métabolisme, sur le degré d’irrigation sanguine et d’oxygénation des tissus sont des pistes qui permettent d’expliquer cette baisse d’efficacité des traitements, qu’il s’agisse de la radiothérapie ou d’approches médicamenteuses.

Enfin, de nombreuses études rapportent chez les fumeurs une augmentation des complications et des effets indésirables des traitements. En ce qui concerne la chirurgie, le tabagisme favorise les complications liées à l’anesthésie et a des effets délétères sur la récupération post-opératoire. La radiothérapie et la chimiothérapie ne sont pas en reste : perte de goût, mauvaise qualité de la voix, immunodépression, nécrose des tissus, perte de poids, fatigue, augmentation des infections, atteintes cardiaques et respiratoires…

Systématiser le recours à la consultation de tabacologie

Si la nécessité d’arrêter de fumer après l’annonce d’un cancer semble évidente, l’encadrement de cette démarche fait encore largement défaut dans la prise en charge des patients, comme le déplore le Dr Anne Borgne, tabacologue et présidente du RESPADD (Réseau des établissements de santé pour la prévention des addictions) : « trop souvent on considère encore que la problématique principale du patient est son cancer, qu’il est trop tard pour arrêter de fumer, ou encore qu’il ne faut pas « embêter » le patient avec cela. ». Tous les centres de traitement ne sont d’ailleurs pas pourvus d’un service dédié à la prise en charge tabagique. Selon une étude publiée en 2014 (l’étude VICAN22), moins d’un quart des patients fumeur s’est vu proposer une consultation de tabacologie au moment du diagnostic. Parmi ceux-ci, seule une petite minorité a accepté la démarche et s’est ainsi engagée dans un accompagnement au sevrage. Pourtant, lors de la consultation de tabacologie « les professionnels accompagnent le patient dans son propre projet en respectant ses choix. » explique le Dr Anne Borgne qui précise : « les tabacologues sont formés aux thérapies cognitivo-comportementales, la consultation est un lieu d’écoute ; c’est une façon de montrer au patient qu’on se préoccupe aussi de sa qualité de vie, de son avenir et qu’il est acteur de sa prise en charge ».

Systématiser l’accompagnement au sevrage tabagique des malades atteints de cancer est l’une des actions que le troisième Plan cancer s’est engagé à mettre en œuvre entre 2014 et 2019. Certaines mesures clés peuvent être identifiées :

  • augmenter le montant du forfait d’aide à l’arrêt du tabac pour l’ensemble des patients atteints de cancer (tripler le montant pris en charge de 50 à 150 euros) ;
  • systématiser la prise en compte du statut tabagique du patient lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) et son suivi dans le dossier du patient ;
  • intégrer l’arrêt du tabac dans les recommandations de traitement de tous les cancers ;
  • sensibiliser les professionnels de santé et les patients aux bénéfices de l’arrêt du tabac dès le diagnostic ; mener une action spécifique de prévention à l’initiation tabagique auprès des adolescents et les jeunes adultes ayant eu un cancer pédiatrique.

Au-delà des mesures à mettre en œuvre, les recherches en sciences biologiques, humaines et sociales doivent continuer à explorer les liens entre le tabagisme et les cancers. Dans cette optique, un groupe d’expertise pluridisciplinaire a été constitué à l’Institut national du cancer afin de mettre en place un large appel à projets dont les financements devraient aider à fédérer l’effort de recherche sur ces sujets transversaux.


1 Lors d’une radiothérapie, les rayons qui permettent de tuer les cellules cancéreuses induisent la survenue de mutations dans les cellules saines et ont, par ce biais, un effet cancérigène en marge de leur effet thérapeutique majeur.
2 « La vie deux ans après un diagnostic de cancer - De l’annonce à l’après cancer », collection Études et enquêtes, INCa, juin 2014. Pages 400-417."