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17 avril 2020

Vers une nouvelle génération d’anticorps thérapeutiques ?

Des travaux à la frontière de la biologie moléculaire et de la chimie donnent naissance à une nouvelle génération d’anticorps, susceptibles d’offrir des opportunités en cancérologie.

Les anticorps dits « monoclonaux » font partie du traitement de nombreux cancers. Ces molécules, produites en laboratoire sur le modèle des anticorps que génère naturellement notre système immunitaire, permettent de se fixer sur des cibles bien précises : des protéines impliquées dans la prolifération des cellules cancéreuses ou la croissance tumorale. Historiquement, les premiers exemples de cette classe de traitements sont le bevacizumab, un « anti-angiogénique » (il bloque le signal qui stimule la production de nouveaux vaisseaux sanguins dans les tumeurs) et le trastuzumab, un « anti HER2 » utilisé avec succès notamment pour traiter les cancers du sein dits HER2 positifs. Plus récemment, les anticorps monoclonaux ont permis l’émergence des immunothérapies ciblant les points de contrôle immunitaires : les anti PD-1, anti PD-L1 et anti CTLA4 ont modifié le pronostic de nombreux patients en parvenant à remettre en mouvement leurs cellules immunitaires, jusqu’alors bloquées par des mécanismes physiologiques dévoyés par les tumeurs.

Mais la mise au point de ces anticorps monoclonaux présente une faille : pour les produire il faut, en début de processus, sélectionner une cellule immunitaire qui, spontanément, a produit un anticorps qui reconnaisse la cible qui nous intéresse. Or toutes les cibles ne se valent pas et certaines ne parviennent que très mal à susciter l’intérêt des cellules immunitaires. Pour contourner cette contrainte imposée par un système naturel, des chercheurs se sont tournés vers une technique de haute volée, la synthèse de « polymères à empreinte moléculaire ». Cette technique de synthèse chimique repose (grossièrement) sur le principe d’un moulage : les monomères (éléments constitutifs du polymère) sont mis à polymériser en présence de la cible qui devra être reconnue par le produit fini. Le polymère s’assemble donc autour de la cible en question, qui est ensuite détruite, laissant place à un moule en négatif.

Ces outils sont déjà utilisés dans les domaines de l’agroalimentaire, de l’environnement ou du diagnostic médical, pour déceler certains contaminants dans les écosystèmes, les produits de consommation, ou des biomarqueurs chez les patients. Pour l’adapter au domaine thérapeutique, des chercheurs ont adapté la technique afin de produire ces anticorps en plastique dans une matrice compatible avec les cellules. Ils ont réalisé un premier essai en ciblant des protéines impliquées dans la cohésion des cellules entre elles et particulièrement exprimées dans plusieurs cancers invasifs. Les premiers résultats obtenus in vitro sont significatifs : les « sphéroïdes », que forment les cellules cancéreuses sous certaines conditions de culture, sont littéralement disloqués grâce aux anticorps synthétiques. Selon les auteurs, cet outil pourrait constituer un axe majeur de développement thérapeutique, le spectre des cibles atteignables étant potentiellement sans limite.

 


R.D.

Source : Medina Rangel, PX et al; Chemical Antibody Mimics Inhibit Cadherin‐Mediated Cell–Cell Adhesion: A Promising Strategy for Cancer Therapy; Angewandte Chemie; Octobre 2019.