Les molécules qui bloquent l’activation anormale de l’EGFR, le récepteur d’un facteur de croissance épidermique, sont dispensées aux patients qui sont atteints d’un cancer du poumon non à petite cellules (NAPC) et dont la tumeur porte une mutation activatrice de l’EGFR. Ces thérapies ciblées, même si leur action est limitée par l’existence de résistances présentes d’emblée ou acquises par les tumeurs au cours du traitement, ont changé les perspectives de nombreux patients depuis leur arrivée en 2005. Aujourd’hui, la question est de savoir si des médicaments dits « de précision », dont l’usage a été validé dans un premier temps contre les cancers avancés ou métastatiques, ne pourraient pas bénéficier aux patients atteints de cancer plus précoces.
L’essai ADAURA, dont les résultats ont été communiqués lors de l’édition 2020 du grand congrès de l’ASCO, s’est penché sur cette question. Au total 682 patients atteints d’un cancer du poumon NAPC opérable au moment du diagnostic ont été inclus dans l’essai et suivis pendant trois ans. Répartis aléatoirement, après l’opération certains recevaient l’osimertinib quand d’autres recevaient un placebo. Après un an de suivi, 97 % des patients du groupe « osimertinib » étaient encore en vie et leur maladie n’avait pas évoluée, contre 61 % dans le groupe contrôle. Après 3 ans, ces proportions étaient de 80 % et 28 %. Un risque de décès divisé par cinq pour les patients traités par la thérapie ciblée.
Ces résultats, qui montrent clairement l’utilité de la thérapie ciblée chez ces patients, répondent à un besoin médical important. Environ un tiers des patients atteints d’un cancer du poumon NAPC sont opérables au moment du diagnostic, mais les traitements de chimiothérapie qu’ils reçoivent actuellement en entretien (après l’opération) n’empêchent pas les récidives dans 45 %, 62 % ou 76 % des cas, en fonction du stade d’évolution (Ib, II ou III) de la tumeur diagnostiquée.
R. D.